Qu’est-ce qui influence la note du DPE ? Quels sont les travaux à effectuer afin de maximiser sa note ? Comment sortir de l’étiquette de passoire énergétique ? Voici notre retour sur expérience sur les différents moyens d’optimiser son DPE.
On entend énormément d’informations circuler à propos du nouveau DPE, de la future interdiction de location, à l’explosion du nombre de passoires énergétiques jusqu’à son impact dans le secteur immobilier. Cependant, lorsqu’après le passage du diagnostiqueur vous vous retrouvez avec une note virant vers le rouge, la vraie question que tout le monde se pose c’est : « comment améliorer ma note de DPE ? ». Comment passer du F au E, du E au D ou du D au C ? Comment sortir de l’étiquette de passoire thermique?
Pour le moment, le nouveau DPE ne concerne que l’habitation, et ce, jusqu’à juillet 2022, où il devrait aussi concerner les bureaux et autres biens non-habitables. Il est donc impératif de bien se classer afin de pouvoir continuer à louer, mais aussi faciliter la vente.
Après 6 mois d’étude et de réalisation de plusieurs DPE dans un des secteurs les plus touchés en termes de passoires énergétiques (bâtiments haussmanniens en IDF), nous avons pu rendre compte des problématiques souvent engendrées par les travaux de rénovation essentiels préconisés. Comme c’est le cas pour l’isolement par l’intérieur, fortement apprécié par le DPE, mais qui résulte sur une importante réduction de la surface, or la valorisation des biens se fait principalement par le prix au m².
Fort de ce constat, nous avons relevé certains éléments influençant positivement sur l’algorithme de calcul du DPE, de manière à pouvoir gagner au moins une étiquette sur ce dernier. Voici les conseils d’AMEA…
Avant toute chose, il faut savoir que chaque habitation est unique et présente ses propres spécificités, ce qui signifie que ce qui peut marcher pour un logement type, peut ne pas avoir le même résultat sur le vôtre. Il est donc important de choisir les solutions les plus adaptées.
1- Faire des travaux de rénovation ≠ Faire des travaux d’embellissement
Vous avez effectué des travaux et pourtant vous êtes toujours sur la même marche de la pyramide ? Peut-être n’avez-vous pas fait les bons travaux, du moins, du point de vue énergétique. Cela peut sembler bête, mais la distinction n’est pas toujours faite.
Tout d’abord, il faut savoir que le DPE fournit une estimation de la consommation énergétique du logement et de son impact sur les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui signifie qu’un appartement peut être beau, moderne et en bon état, mais tant qu’il restera énergivore, il y aura toujours répercussion sur le DPE.
De fait, le nouveau DPE s’intéresse particulièrement à l’enveloppe plutôt qu’aux consommations et vise à atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, en incitant aux travaux d’économie d’énergie.
2- Bien isoler
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Isolation des murs par l’intérieur
L’isolation des murs par l’intérieur c’est LA recommandation qui fait dans l’absolu gagner le plus de classes sur l’étiquette.
Cependant, cette technique a le fort désavantage de faire perdre des mètres carrés en raison de l’épaisseur des isolants, qui mesurent en moyenne 12-15 cm.
Il faut alors bien évaluer les mesures des surfaces déperditives qui donnent sur l’extérieur ou les parties communes. Ainsi, pour un bâtiment, pensez en priorité à isoler les murs donnant sur la rue ainsi que les parties communes.
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Isolation du plancher
L’isolation du sol est également préconisée pour les appartements au rez-de-chaussée, donnant sur des caves, ainsi que pour les maisons individuelles ; puisqu’elle permet de réduire les pertes d’énergie de 7 à 10%.
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Isolation du plafond
De même, l’isolation du plafond pourra être privilégiée, notamment pour les appartements au dernier étage donnant sur des combles, car il s’agit d’un espace où les risques de déperdition de chaleur sont très élevés, la chaleur s’échappant vers le haut, si le plafond et les combles ne sont pas bien isolés.
3- Remplacer la chaudière et/ou le système de chauffage
A compter du 1er juillet 2022, tout appareil de chauffage ou de production d’eau chaude sanitaire émettant plus de plus de 300 gCO2eq par kWh PCI (pouvoir calorifique inférieur) sera interdit d’installation dans un bâtiment à usage d’habitation ou à usage professionnel. Ce qui signe la fin du fioul et du charbon, trop émetteurs.
Après le fioul, c’est le chauffage au gaz qui dégrade le plus la note du DPE. Il est donc impératif de trouver la meilleure alternative afin d’obtenir une bonne étiquette au DPE. Mais alors par quoi le remplacer ?
Pour ce qui relève du chauffage collectif, le choix se positionne particulièrement vers l’électrique et doit faire l’objet d’une validation en AG par les copropriétaires.
Si vous disposez d’un système de chauffage individuel, le choix s’avère un peu plus large.
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Chaudière à condensation et systèmes thermostatiques
Si vous disposez actuellement d’une ancienne chaudière individuelle au gaz, il faut savoir que les fumées de combustion s’échappent par les conduits d’évacuation, or vous pouvez éviter ce « gaspillage » en la remplaçant par une chaudière à condensation, qui permet de réutiliser cette énergie pour le chauffage. Ce remplacement peut faire remonter l’étiquette d’une classe.
Lorsqu’ils sont couplés à des radiateurs accompagnés de robinets thermostatiques avec programmateur, il est possible de réguler la température dans une pièce, et permettent donc de faire des économies d’énergie.
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Le ballon thermodynamique (labellisé 3 étoiles)
Le remplacement d’un ancien ballon individuel (ECS) électrique par un modèle plus récent, labellisé 3 étoiles, peut également faire remonter d’une classe l’étiquette.
Le chauffe-eau thermodynamique, permet de consommer jusqu’à 3 fois moins d’énergie qu’un chauffe-eau électrique et jouit d’une énergie propre, avec un prix d’achat accessible (environ 2 000€) tout en étant éligible aux aides à la rénovation énergétique.
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La chaudière biomasse
Si vous habitez une maison, le bois (en granulés, bûches…) est une des meilleures solutions qui s’offrent à vous. Il représente aujourd’hui l’énergie la plus économique, tout en étant un choix écologique. Non seulement, il peut chauffer l’ensemble de votre habitation, mais également assurer la fourniture d’eau chaude sanitaire. Ainsi, bien qu’à l’achat les prix oscillent entre 5 000 et 25 000€, il s’agit en réalité d’un réel investissement qui vous permettra d’économiser entre 30 à 60 % sur vos factures d’énergie par rapport à un chauffage traditionnel.
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Chaudière électrique
On retrouve sur le marché, des chaudières électriques de plus en plus efficaces et économes, qui se chargent de chauffer l’eau de votre réseau de chauffage et d’alimenter vos radiateurs en chaleur.
En termes de systèmes de chauffage électrique, les plus appréciés par le DPE sont: le radiateur à inertie, ainsi que le panneau rayonnant.
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La pompe à chaleur (PAC)
La pompe à chaleur est une autre option qui s’offre aux détenteurs d’une maison.
Pour une performance optimale, privilégiez les modèles air-eau, qui puisent les calories présentes à l’extérieur de chez vous pour chauffer le circuit de chauffage central. Bien que plus onéreuses, les pompes à chaleur géothermiques ont également prouvé leur efficacité.
4- Renforcer les huisseries
- Les huisseries font partie des principaux ponts thermiques d’une habitation, la température sort par l’ensemble des encadrements de portes-fenêtres et fenêtres s’ils sont abîmés ou de mauvaise qualité.
- Le double vitrage pour les fenêtres n’est pas particulièrement un élément qui va fortement bonifier la note car tout simplement, l’algorithme de calcul du DPE estime que c’est la norme. Mais il est important de le faire, car en étant « hors-norme », il sera impossible de sortir de l’étiquette de passoire thermique.
Ainsi, privilégiez le vitrage peu émissif (ou VIR), qui est un type de vitrage ayant une capacité isolante deux à trois fois supérieure au double vitrage ordinaire, permettant de préserver la chaleur en hiver et de repousser la chaleur en été.
- Dans le cadre du Plan pluri annuel de travaux (copropriété), l’ajout d’une VMC récente (type hygro) pourrait avoir un bon impact sur la classe énergétique.
5- Bien informer votre diagnostiqueur
Il est très important de bien fournir toutes les informations demandées par votre diagnostiqueur, à défaut, vous serez très fortement pénalisé sur la note de votre DPE.
A titre d’exemple, si vous disposez d’une chaudière collective (au gaz ou au fioul) et que le diagnostiqueur ne peut pas avoir accès à la chaudière lors de son intervention, il va considérer par défaut, que la date d’installation de cette dernière est la même que celle de la construction de l’immeuble. Si le bâtiment est ancien, cela pourrait être problématique.
Pour information, les DPE sont devenus opposables, et si vous êtes propriétaire de biens classés F ou G et jugez leur déclassement injuste ou irréaliste (selon des modalités bien précises), vous pouvez demander gratuitement de rééditer votre diagnostic de performance énergétique, le coût sera alors pris en charge par la collectivité publique.
En bref
Privilégiez une bonne isolation thermique avec un système de chauffage performant (en privilégiant, si possible, les énergies renouvelables). En suivant ces conseils, à l’issue de vos travaux, non seulement vous présenterez un meilleur DPE, mais votre confort en sera amélioré, vos factures énergétiques diminuées et la valeur patrimoniale de votre bien aura augmenté.
Le DPE fournit à titre indicatif les travaux à effectuer pour l’améliorer, mais pour mieux identifier les meilleures options qui sont propres à votre bien, il est plus judicieux de demander conseil à votre diagnostiqueur. Lui seul pourra vous guider vers des travaux abordables et adaptés qui auront un réel impact sur votre DPE.
De même, il ne faut pas oublier que ces constats ne peuvent être des généralités, puisque les nombreuses configurations peuvent encore évoluer au regard des modifications encore réalisables, jusqu’au 31 mars, par le législateur sur l’algorithme et les moteurs de calcul intégrés du DPE.